(Extrait du journal « Le Trufficulteur », été 2022)
Cyrille Bach, Claude Murat
UMR 1136, Université de Lorraine, INRAE Grand Est 54280 Champenoux
Pour rappel, dans le TRUFFICULTEUR n°114, nous avions présenté la première truffière de chênes pubescents mycorhizés par la truffe blanche d’italie Tuber magnaturn productrice hors de son aire naturelle de répartition.
Cette jeune plantation (plants sous licence de savoir-faire INRAE/ROBlN) plantée en 2015 et menée par des interventions similaires à celles réalisées pour une plantation de T melanosporurn voyait poindre ses premières fructifications à l’automne 2019, soit 4 ans et demi après sa mise en place.
En 2019, 3 arbres, sur la cinquantaine que compte la plantation, ont respectivement produit une truffe chacun pour une centaine de grammes au total (Figure 1). 2020 a vu l’expérience se renouveler en notre présence cette fois-ci et ce sont 3 arbres dont un déjà producteur en 2019 qui ont produit au total 4 truffes pour un poids total légèrement inférieur à 200 g (Figure 1).
Concernant la récolte 2021, le premier passage fructueux a eu lieu le 26/08/2021, soit deux semaines plus tôt que l’année précédente. Ainsi, plusieurs sorties se sont enchaînées jusqu’à début décembre. Au poids estimé à un peu moins de 900 g (car certaines truffes ont été laissées en terre sans être pesées) ont été trouvées sous 11 arbres différents (Figure 1). Six nouveaux arbres producteurs se sont déclarés et plusieurs arbres ont donné jusqu’à 5 truffes. Quelques beaux spécimens ont été cavés dans cette jeune plantation, notamment une truffe de 150 g (Photo 1) le 24 novembre dernier.
Les conditions météorologiques de cette année 2021 semblent avoir été particulièrement favorables à la truffe d’une manière générale. Le suivi chiffré sur cette plantation le confirme (Figure 2).
Durant la période estivale particulièrement humide, on remarque que le pF n’a jamais dépassé 3.6. Pour rappel, le pF correspond au potentiel hydrique, il reflète la disponibilité de l’eau dans le soi. Sa valeur varie entre 2/2,5 à la capacité au champ à 4,2 le point de flétrissement. Le pF moyen enregistré entre le 01/04/2021 et le 01/10/2021 est de 2.66. II y a donc toujours eu de l’eau disponible dans le sol. Les trufficulteurs qui gèrent l’arrosage de cette plantation à l’aide des sondes mises à leur disposition ont moment où nous écrivons ces lignes, 26 truffes pour un réalisé 4 apports d’eau (avril, juillet, août, septembre). La température du sol est restée tempérée tout au long de 23.5 oc. En conclusion, la production de cette jeune plantation de 6 ans et demi s’ouvre progressivement. Depuis son entrée en production, en 2019, 12 arbres différents ont produit, soit 23 % des 52 arbres plantés. Dans cette même logique, il est tentant de ramener la production 2021 (entre 800 et 900 g) à l’hectare, soit entre 4 et 5 kg/ha toutes qualités de truffes confondues.
D’après une présentation qui a eu lieu à casale Monferrato fin novembre 2021, ce rendement est similaire à ce qu’on peut trouver dans des truffières naturelles en Italie.
Reste maintenant à savoir si la production continuera sur cette augmentation exponentielle pour atteindre les rendements élevés qui sont obtenus dans certaines truffières de Tuber melanosporum…
A consulter au format PDF (711 Ko) : La production de la truffière à Tuber magnatum de Nouvelle-Aquitaine a augmenté en 2021!